Félix Martí: Ce que la gestion textile domestique peut apprendre de l’hôtellerie

Par Félix Martí, CEO de Resuinsa Experiences

En Espagne, plus de 18 millions de foyers génèrent environ 900 000 tonnes de déchets textiles chaque année — vêtements, chaussures et linge de maison. Un chiffre alarmant : 88 % de ces déchets finissent en décharge, preuve de l’urgence à changer nos habitudes.

Chez Resuinsa, nous travaillons depuis plus de deux ans sur un projet pionnier centré sur la collecte, le traitement et la transformation des déchets textiles issus du secteur hôtelier. Grâce à cette expérience, nous estimons que les hôtels en Espagne produisent environ 500 000 kilos de déchets textiles par an. Un chiffre important, certes, mais bien inférieur aux volumes générés par les ménages.

Cet écart s’explique en grande partie par un modèle de consommation impulsif et éphémère dans les foyers, où la fast fashion et les prix bas ont banalisé le textile, le transformant en produit jetable. Ce modèle “utiliser et jeter” engendre des quantités énormes de déchets sans filière structurée pour les valoriser.

Le recyclage textile domestique, bien que présent, reste limité et morcelé : la collecte sélective est peu développée, la sensibilisation est faible, et les circuits professionnels de traitement sont rares comparés à ceux de l’hôtellerie. En conséquence, la majorité des textiles finit en décharge ou en incinération sans traitement adapté.

À l’inverse, le secteur hôtelier adopte de plus en plus un modèle professionnel, planifié et durable. Les textiles sont conçus pour durer, avec des tissus techniques certifiés capables de supporter des centaines de lavages industriels, et un design intemporel, indépendant des tendances. De nombreux établissements appliquent des protocoles spécifiques pour prolonger la durée de vie de leurs produits, et s’engagent dans des initiatives innovantes en faveur d’une économie circulaire concrète.

Forts de notre expérience chez Resuinsa, nous sommes convaincus que favoriser un changement de mentalité est essentiel pour avancer vers une véritable économie circulaire textile. Si les hôtels peuvent réduire leur empreinte sans renoncer à l’excellence, je suis persuadé que la consommation domestique peut elle aussi évoluer vers un modèle plus responsable.

L’hôtellerie nous enseigne qu’il ne s’agit pas seulement de recycler davantage, mais de repenser chaque étape : choisir des produits durables, en prendre soin lors de leur usage et lavage, et soutenir des systèmes de collecte et de recyclage organisés. Je suis convaincu que si ces principes sont aussi appliqués chez soi, nous pourrons réduire considérablement notre impact et prolonger la vie de chaque textile, en générant une vraie valeur au-delà de sa première utilisation.